Les sens sont un point d’ancrage très ajustés. Portes d’entrée et de sortie en relation avec le monde, elles s’ouvrent et se ferment. À nous de les découvrir… L’activité sensorielle est en résonance avec la sensibilité, les émotions. Les sens supportent le langage et la créativité.
Luc, 8 ans, joue longtemps avec son camion, le fait rouler de sa main gauche à côté de lui, puis le lève à bout de bras pour s’absorber dans le miracle de la rotation des roues. Sa main droite trace des spirales dans les airs, son sourire s’étire d’une oreille à l’autre! Il se balance d’avant en arrière, au rythme du camion. Son absorption est sans faille, il semble fondu au mouvement des roues, qu’il fait varier imperceptiblement, comme ravi à chaque envol du camion, un spectacle unique et inimitable. Au paroxysme du plaisir, il hurle de satisfaction et semble loin, fixé sur cette seule expérience intense.
Comment toucher Luc ? Vivre autre chose que cette incessante répétition ou comment entrer à côté de lui et glisser vers d’autres sensations?
Les pistes de recherche sont variées, elles dépendent du contexte et de la force du lien construit avec l’enfant. Il n’existe donc pas d’autres guides que l’écoute active: une dynamique d’ouverture à l’autre.
Aucune solution déterminée ne pourra traverser victorieusement le pont. C’est dans le respect des polarités action-inaction, effort-lâcher prise, que le chemin se trace et que le pont se solidifie.
L’approche sensorielle possède le privilège d’être simple et redonne vie au corps. Le jeu des sens ressemble à une palette, avec de nombreuses possibilités et variations.
Le toucher, l’odorat, le goût, le regard, l’ouïe servent de tremplin à la relation.
La dimension de Pratyara éclaire l’importance de pouvoir calmer et affiner la relation avec les organes des sens. Une perception fine pleinement captée amène l’attention à un niveau plus subtil, un pas encore et l’attention devient méditation.
Avec l’autisme, les sens sont aussi un moyen d’entrer en communication; ils dominent l’activité mentale. Trop souvent envahissant, le stimulus peut être apaisant, énervant, agressant ou envoutant.
Considérons la fragilité et nous comprendrons combien l’équilibre sensoriel est essentiel.